Salut, je vais vous conter la fin de notre périple depuis la maison, c'est beaucoup plus pratique depuis le PC que depuis la tablette, superbe outils ceci dit pour nous autres navigateurs.
Nous sommes donc le mardi 24 juillet à Ponta Delgada, il règne une certaine éxcitation sur les pontons car une fenêtre météo vers le continent se profile depuis plusieurs jours. Nous sommes 4 équipages en partance, et les conversations ne tournent plus qu'autour de ça. Echange de fichiers météo, les meilleurs routages, bref chacun y va de sa version pour au final être tous d'accord sur un point, il faut faire la route directe! Au menu des réjouissances prévues : de l'ouest mou pour commencer, deux petits fronts qui nous amènent au samedi ou là une queue de dépression doit tangenter notre route, puis à nouveau de l'ouest mou pour finir le parcours. 12 jours théoriques, c'est la plus longue traversée de notre périple, on s'est gardé le meilleur pour la fin
Mercredi 25 juillet 8h00, c'est le départ, largage des amarres aidé par nos voisins de ponton devenus amis, une certaine émotion règnent au moment ou le bateau s'éloigne des pontons, mais pas le temps de s’épancher, il faut mettre les voiles au plus vite pour économiser le gasoil (on a 110 litres à bord, soit 350 miles au moteur à minima). On contourne l'ouest de Sao Miguel au près et vers midi on peut prendre le cap vers la Bretagne.
Les premiers jours se déroulent comme sur le plan, alternant voile et moteur, le plus possible à la voile bien sur.
Le samedi comme prévu, dès le matin le vent forcit et le plafond diminue. Les prises de ris s’enchaînent, la mer grossit, et la pluie s'installe. On va s'en accommoder, ça doit durer 24h max d'après les prévis d'il y a 4 jours...sauf que dimanche soir, c'était toujours pareil, on en voit pas le bout! Lundi matin le ciel se dégage, le vent mollit, on est pas loin du bout du tunnel. Sorti d'affaire? Pas si vite, toute la journée de lundi sera agrémentée de grains, histoire de bien achevé le moral et le physique de l'équipage( je n'avais pas dormi les jours précédents la dépressions). Ces grains bien saignant ou l'on est toutes voiles dehors, mais méfiant tout de même, vous surveillez ce drôle de nuage qui va croiser votre trajectoire et vous avez raison de vous en méfier, en quelques secondes la surface de l'eau se modifie, vous réveillez l'autre équipier, juste le temps de détangonner sauvagement le génois, le rouler, prendre deux ris illico à la grand voile, frapper l'étai largable, préparer un solent arisé et l'envoyer...Pfffiou, la bonne suée, mais tout va bien le bateau se porte bien et le matériel n'a pas souffert. Et une demi heure plus tard le vent disparaît...Ahhhrg, Pen Gwen ne sait plus comment s’habiller!
Le moral est donc mis à rude épreuve, d'autant que dans les heures précédentes, un empannage foireux a démoli le lecteur mp3 de ma femme, son plus fidèle compagnon pendant les 3h de quart (on a pas de pilote donc il faut tenir la barre en permanence!), dans sa course le palan a tapé le compas bâbord, son ampoule est HS, pas pratique de nuit. Et cerise on the cake, on a perdu une manivelle de winch lors d'une prise de ris au pied de mat...il nous en reste qu'une( la prochaine fois j'en prendrai trois, trop stressant de jours avec un seul joker).
Tous ces éléments qui peuvent paraître anecdotiques une fois à terre, en mer on eut raison de l'ambiance du bord. Mais c'était sans compter sur dame nature qui fait la pluie et le beau temps: le mardi le soleil revient franchement et une petite brise d'ouest s'installe, et en prime c'est festival de baleines, tout le monde retrouve la banane! Et sur la carte, la Bretagne se rapproche furieusement...tout cela redonne du cœur à l'ouvrage : le spi est envoyé les miles défilent.
Jeudi soir, nous ne sommes plus qu'à 150 miles des cotes, les cargos se font de plus en plus nombreux, on est même content de les voir, alors que d'habitude c'est plutôt la crainte face à ces mastodontes.
Derniers caprices du vent, si proche du but le vent s'installe nord est, pile dans le nez de notre trajectoire...mais c'est sans compter sur les qualités légendaire de louvoyeur du First 30, tout dessus, Manue qui est de quart pointe près du vent comme en régate et la moyenne et le moral sont saufs, d'autant que le vent adonne au nord dans la nuit ce qui nous fait à nouveau viser la bretagne sud en route directe...Nous visons Bénodet au lieu de Ouessant initialement mais ça ira très bien pour débarquer!
Vendredi 3 aout, nous arrivons vers 19h à Bénodet. Nous sommes heureux, cette joie simple et forte qui vous emplie, vous fait frissonner...on est fier de nous, on l'a fait, c'était notre Vendée Globe à nous : 1200 miles en famille, sans pilote, sur un bateau de 40 ans et de 8m75...Cela vient conclure de la plus belle manière nos 3800 miles réalisés en 3 mois et 15 jours.
Merci de nous avoir lu, merci de vos messages d'encouragement tout au long de ce périple. Nous vous recommandons chaudement ce format "TGV" Très Grandes Vacances de 5 mois (ou 6 c'est pareil), le First 30 est taillé pour ce genre de programme océanique et les iles de l'atlantique nord sont idéalement placées pour réaliser une boucle inoubliable